No Billag, une initiative périmée

L’initiative populaire « No Billag » porte très mal son nom. En effet, la société Billag,
qui effectuait jadis la collecte de la redevance pour le compte de la société suisse de
Radiodiffusion (SSR-SRG Idée Suisse), a été remerciée depuis belle lurette. Elle a
été remplacée par la société zurichoise Serafe SA en juillet dernier.

Au-delà du nom, ce sont aussi les chiffres qui sont faux. À l’époque où l’initiative qui
propose de supprimer la redevance radio-TV a été lancée, on payait encore
451 francs par année pour regarder la télévision et écouter la radio suisse dans les
différentes langues nationales. Aujourd’hui, on ne paye plus « que » 365 francs.

C’est encore une somme, me direz-vous. Mais avec l’accélération effrénée du rythme
de l’échange d’informations, à l’heure des fausses nouvelles (les célèbres « fake
news ») répandues à l’envi sur les réseaux sociaux, de la perte de repères pour
distinguer le vrai du faux, une information de qualité, vérifiée et analysée, ne mérite –
t-elle pas -au moins- un franc par jour ?

La radio et la télévision publiques ne diffusent pas que de l’information, bien sûr.
Mais c’est tout de même une part importante de leur mission. Et ce sera demain, plus
encore qu’aujourd’hui, leur priorité. Le Conseil Fédéral, qui vient de présenter une
nouvelle mouture de la concession de la SSR, a bien insisté sur ce point.

Pour avoir longtemps fréquenté les studios de la RTS, je sais que cette information,
que ces programmes sont produits par des gens de qualité. Des gens passionnés,
amoureux de leur métier, respectueux des règles de leur profession. Des gens de
plus en plus souvent amenés à prendre sur eux, à donner de leur temps libre, à
déployer une énergie incroyable pour faire face à la restriction toujours plus drastique
des moyens. Pour continuer à accomplir leur mission et assurer, justement, une
information et des programmes de qualité. Il serait injuste de les sanctionner.

Le débat actuel sur la redevance de la radio-TV a le mérite d’envoyer un signal clair
aux dirigeants et aux cadres de cette société : ne vous reposez pas sur vos lauriers,
n’oubliez pas le cœur de votre métier, ne vous croyez pas tout permis, vous êtes le
service public, donc au service du public. Le message est passé, je crois. Les
dirigeants de la RTS ont bien senti passer le vent du boulet. Inutile d’aller plus loin.
Inutile de priver la Suisse d’une partie de son identité. Enterrons cette initiative
décidément périmée, en votant non à No Billag le 4 mars prochain.

Virginie Pilault, ex-journaliste RTS et conseillère communale socialiste à Orbe

PV2020, le devoir de la rentrée

La plupart d’entre nous ne pensons pas à nos retraites avant la cinquantaine. En cette rentrée 2017, il faut pourtant que chacun et chacune d’entre nous s’en préoccupe, en vue du prochain scrutin du 24 septembre sur PV2020.

C’est un peu comme un devoir d’école qui nous rebute : on sait qu’il va être compliqué, que ça nous prendra du temps, que le résultat ne sera peut -être pas entièrement satisfaisant, alors on diffère. L’enveloppe de vote traîne là sur la table, comme un cahier abandonné. On n’y touche surtout pas quand on trie le courrier. On évite même de la regarder.

Les partis sont divisés sur cet objet. On trouve des pour et des contre à droite comme à gauche. On ne sait plus à quel saint se vouer.

Et pourtant, il est temps, grand temps même, de s’attaquer à objet épineux, mais crucial baptisé Prévoyance Vieillesse 2020. Il est temps de songer à nos retraites, à celles de nos parents, de nos enfants. Cette réforme des retraites n’est pas la panacée, c’est vrai. Les femmes y perdent, d’un certain point de vue, puisqu’elles devront travailler un an de plus. Mais elles y gagnent d’un autre côté, puisqu’avec la réforme, beaucoup plus de salarié-e-s à temps partiel auront accès au deuxième pilier. Et les temps partiels, on le sait, ce sont majoritairement des femmes.

Elles y gagnent aussi parce que l’AVS sera revalorisée. 70 francs par mois : ce n’est pas négligeable pour beaucoup de retraitées qui n’ont que l’AVS pour vivre, justement parce qu’elles n’ont pas de deuxième pilier, parce qu’elles ont arrêté de travailler pour élever leurs enfants par exemple.

Les travailleurs âgés eux aussi sont gagnants. S’ils perdent leur travail au-delà de 58 ans, ils ne seront pas obligés de retirer leur capital comme c’est le cas aujourd’hui. Ils auront droit à leur rente.

Enfin, c’est tout le système qui est sauvegardé avec cette réforme, puisqu’elle prévoit de consolider les finances de l’AVS de manière à ce que ce système de retraite -le plus juste et le plus social qui soit- continue de fonctionner dans l’équilibre et de manière saine, malgré l’augmentation du nombre de retraité-e-s. Si nous n’accomplissons pas notre devoir d’école d’ici au 24 septembre prochain, c’est le zéro pointé qui nous guette : l’effondrement de tout le système, le démantèlement des avantages qu’il contient pour les plus défavorisé-e-s, la disparition d’une assurance sociale solidaire et publique au profit des assurances privées, pour ceux qui ont les moyens de se les offrir… pour éviter cela, votons deux fois OUI à PV2020 !

Virginie Pilault, conseillère communale socialiste à Orbe

http://retraites-sures-oui.ch